
L’entrepreneuriat tel qu’on le connaît aujourd’hui nous pousse, souvent, à nous mettre en vitrine, à créer une image de nous-même qui soit « vendable », à ajuster nos choix à une demande, à des codes. Et tout ça… cela peut être utile, voire nécessaire dans un monde ultra-connecté et compétitif. J’ai fait cela, un peu… Je suis rentrée dans un moule, j’ai créé ma marque. Sophie, toujours avec du rouge (et je continue à aimer cette couleur), qui ne fait que du noir et blanc (normal c’est ma signature photographique). Je suis devenue un produit, et mes portraits aussi !
Mais il y a un moment où, si l’on n’y prend garde, on peut commencer à oublier ce qu’on voulait vraiment, pourquoi on a démarré, ce qui nous fait/faisait vibrer. Je suis passée par là, et je crois que je me suis perdue.
Je sors d’un congrés génial de la FFPMI (Fédération Française de la photographie et des métiers de l’image). Des experts en business et marketing nous ont partagé leurs visions et leurs savoirs….Je sais qu’ils ont raison si on veut percer, sortir du lot… Sauf que moi je ne me retrouve plus dans tout cela !
Alors aujourd’hui, je choisis de refuser cette logique. De revenir à l’essentiel, mon essentiel !
Je suis photographe et portraitiste de famille. Et ce que j’aime ce n’est pas construire des stratégies, des offres ou des plans, c’est mettre en lumière des essentiels, et valoriser ce(ux) que l’on ne voit pas !





Et si un portrait de famille était bien plus qu’un produit à consommer ?
Devenir un produit est ce necessaire ?
Dans les formations business et marketing, on nous demande constamment de nous différencier, pour mieux nous vendre. Chaque action devient un calcul : « quel contenu publier ? », « quels hashtags choisir ? », « comment capter l’attention ? ». Ce sont des questions légitimes si l’on veut développer son activité, et qui demande de connaitre le système pour se démarquer.
J’ai envie de dire que c’est nécessaire, surement, pour exister sur la toile et « percer », devenir visible dans ce monde où tout le monde a un truc à dire !
J’ai essayé, j’ai écouté, j’ai même appliqué, pour en faire une méthode à moi, borderline, mais efficace quand même !
Sauf que mon travail, en tant que photographe, ne se résume pas à un « produit » à consommer. Et je refuse qu’il le soit. Est ce mon égo ? ou simplement mon engagament ? Je n’ai pas la réponse, mais une chose est sure, c’est que mon corps le rejette !
Mes portraits ne sont pas des objets que l’on déshumanise pour mieux les vendre. Chaque photo est un moment d’humanité, une rencontre sincère avec une personne, une famille. Comment transformer cela en simple transaction ? Comment réduire une rencontre unique en un produit à offrir sur un marché ?
C’est une question que je me suis posée, et c’est une réponse que j’ai trouvée au fond de moi : je refuse cette logique de produit. Mon travail était devenu de trouver des clients et plus de photographier ! Ce qui pour moi est un non sens ! En rentrant de mon voyage en Indonésie, où je touche du doigt l’urgence de maintenir et sauvegarder le vivant, je me suis retrouvée face à cette folie. Refuser d’être une marchandise à consommer, c’est me réaligner à mon essence et vous remettre au centre. Je veux vivre du portrait, mais ce n’est pas un produit, c’est un acte, une intention, une évidence !
Et tout cela pour simplement rester vivant·e.
Etre soi, dans toutes ces facettes, et se montrer au delà d’une image de marque !
Quand l'authenticité devient un produit
Aujourd’hui, tout le monde parle d’authenticité, d’alignement, de connexion à soi etc… Et je ne peux que valider ce sens commun… Mais cela est aussi devenue une course ! Et je préfère m’arrêter là !
Mon authenticité elle est dans le lien avec mes clients, avec les sujets autour de ma photographie, dans les « causes » que je porte haut et fort ! Elle n’est pas dans le fait de vous dire que je suis authentique ! Oui mes photos ne sont pas retouchées car je les veux authentiques, oui je laisse s’installer chacun dans son espace, tout en créant autour de postures qui vous vont, oui je n’accepte pas du tout tous les contrats que l’on me propose !
Aujourd’hui, tout le monde est authentique et singulier, et je ne peux que me réjouir de cela ! Sauf que je me perds dans ce discours qui devient la norme, le truc à dire, à faire !
Alors, plutôt que de le dire, je le fais, et je le suis !
Je change mon approche pour aller vers mon essenrtiel, et peut-etre le votre !
Être soi n’est pas une obligation pour se démarquer ! Nous avons tous des masques, que nous pouvons choisir de baisser ou pas.. L’authenticité ne s’achète pas, elle se révèle quand on lui laisse de la place !
Revenir à la photographe pleinement humaine
Il y a quelques années, j’ai ouvert un studio de portrait.
Avec l’élan simple de quelqu’un qui aime voir, rencontrer, créer du lien. Je voulais devenir une référence dans le portrait, car il me semblait si important de promouvoir ce métier, et cet acte de réaliser des portraits de famille ! Qui est bien plus que juste une photo. Je sais la valeur que ces photos ont, pour chacun ! C’est un truc qui ne s’explique pas, qui se vibre ! Alors bien sur, pour certains cela ne fait pas sens, et je l’entends, mais quand même, ce patrimoine est génial ! Mettre en lumière nos liens, malgré nos différences, nos froids peut-être, et construire ce patrimoine photographique qui fait tellement sens !
Mon appareil photo comme témoin, comme passeur, transmetteur.
Le portrait comme un partage d’humanité. Pas une image, mais une trace de présence, de vraies présence au monde et à l’autre.
Avec ces studios, j’ai appris à devenir chef d’entreprise. J’ai appris le marketing, la rentabilité, appliquer des business model etc… Et je suis fière de mon parcours.
Petit à petit, je me suis perdue dans toutes ces actions.
Il fallait « trouver sa marque », « créer son univers », « incarner sa vision », « optimiser sa visibilité ».
Et j’ai pu constater que même dans les domaines les plus humains — accompagnement, soin, photographie — le branding s’est glissé, doucement, partout.
Même les plus sincères se retrouvent, malgré eux, à devoir se mettre en scène, construire autour d’un persona.
Et quelque chose, en moi, s’est mis à résister.
Je ne veux plus rentrer dans cette case, je veux juste être, dans toutes mes ambivalences, complexités et authenticité 😉
Et je veux surtout refaire de la photographie comme je l’aime, et ce pourquoi je l’aime !
La photographie comme un vecteur d’information, un transmetteur d’émotions, de liens, et un media qui interroge sur notre monde !
Ce que je choisis
Alors j’ai fait un choix.
Un choix de recentrage, de dépouillement, presque de dépouillement sacré.
Je rends mon studio. (et beaucoup d’émotions sont associées avec cet acte)
Non pas parce que je n’aime plus photographier des familles — au contraire.
Mais parce que je ne veux plus me sentir obligée de jouer un rôle pour « tenir » un modèle qui ne me correspond plus, pour développer, grandir et avoir plus de clients encore et encore.
Je veux créer autrement.
Je veux travailler dans le lien, pas dans la pression.
Je veux revenir à ce qui m’émeut profondément : le vrai, l’intime, le lent, le vivant.
Alors bien sur, je compte sur vous pour me faire confiance encore, pour faire appel à mes services pour vos portraits de famille, parce que cela fait sens pour vous, et pas parce que c’est un super produit qui sera bien marquété !
« L’authenticité n’a pas besoin de mise en scène. Elle a besoin d’espace pour être. »
Si toi aussi tu sens que l’on va trop vite, que l’on s’éloigne du sens,
sache qu’il existe d’autres chemins.
Ils ne crient pas, ils ne séduisent pas toujours,
mais ils nourrissent.
Et ils rassemblent, autour d’un sens commun.
À ceux-là, j’ai choisi de dire oui, et j’ai hâte de connecter avec toi si toi aussi !